Le plan subjectif ou point de vue (PDV) ou caméra subjective
Dans un plan subjectif, le point de vue de la caméra se confond avec celui d'un personnage. Le spectateur voit ainsi par les yeux du personnage et partage son intimité. Par le truchement du plan subjectif, le spectateur est également poussé à éprouver de la sympathie pour le personnage s'il est bon, et de la terreur s'il est méchant.
Dans l'exemple cité, extrait du film Le Lauréat de Mike Nichols, le plan subjectif est utilisé pour susciter l'empathie avec un héros qui s'ennuie et que ses parents contraingnent au ridicule. L'identié du personnage dont le point de vue subjectif est filmé, est connue du spectateur. Il s'agit de Ben. Comme souvent dans le cas d'une caméra subjective, le réalisateur utlise un masque (effet voyeur accentué) pour découper à l'écran le champ de vison du héros, ainsi qu'un son de respiration amplifiée comme celle provoquée par une plongée sous l'eau.
Le PDV sert aussi à jouer sur les émotions du spectateur. Le plan subjectif traduit la vision du bon héros ou du méchant, et augmente de façon significative la sympathie ou la crainte que peut éprouver le spectateur.
Dans Les Dents de la mer, de Steven Spielberg, le plan subjectif du requin est utilisé pour inspirer de la peur au spectateur.
Voici la progression nécessaire à l'utilisation du PDV, tirée des Dents de la Mer de Steven Spielberg:
1ère partie :
Dans les premières images du film, nous découvrons des plans sous-marins, à la fois simples et beaux, d'une jeune femme en train de nager. Quelques instants plus tard, nous voyons la jeune femme se faire attaquer et tuer. Nous comprenons alors que les plans initiaux étaient en fait les plans subjectifs du requin.
2e partie :
Lorsqu'il arrive quelques séquences plus loin, le spectateur a déjà assisté à une attaque de requin. Aussi, quand la caméra revient sur les mêmes lieux et filme les vacanciers en train de nager, nous commençons à éprouver une certaine appréhension.
Notre peur est décuplée quand Spielberg passe à un plan sous-marin pour épouser le plan subjectif du requin. Nous ne considérons plus désormais les vacanciers qui nagent comme des hommes, mais de la même façon que le requin - c'est-à-dire comme de la viande.
Lorsque nous voyons le plan sous-marin du fond du bateau de Richard Dreyfus, nous savons qu'une nouvelle attaque va avoir lieu : nous savons maintenant que les plans sous-marins sont les plans subjectifs du requin. L'association répétée du PDV avec le requin aiguise nos craintes.
Les PDV de Spielberg ne nous montrent pas seulement à quoi ressemblent les vacanciers, mais aussi à quoi nous ressemblons quand nous sommes sous l'eau. Ces plans nous font craindre pour les vacanciers et nous renvoient à notre propre vulnérabilité. En nous montrant la vie de tous les jours d'un point de vue inusité, les plans subjectifs changent les repères du spectateur. Étant identifié au requin lui-même, le plan subjectif nous pousse à anticiper l'attaque.